Anagama (suite)

Les cuissons se sont succédées, une quarantaine, et j’ai pu réaliser quelques commandes publiques. Actuellement, je réalise une sculpture pour l’écoulement de l’eau dans un bassin pour l’ensemble prieural d’Ambierle. Les cuissons se sont révélées parfois très difficiles au départ. Puis le four a été modifié plusieurs fois. Actuellement, il est composé d’un alandier avant, une grande marche, un alandier au milieu puis une autre grande marche plus étroite. Ensuite un mur ajouré sépare la dernière marche du conduit qui mène à la cheminée de 4m de hauteur avec un registre horizontal à la moitié de sa hauteur. Sous l’alandier avant, part un conduit d’air froid réchauffé par les braises et débouche dans l’alandier du milieu. Le lieu qui l’entoure s’est aussi profondément transformé. Construire une charpente traditionnelle et restaurer le four par une nouvelle enduction terre, paille, sable et chaux. L’intérieur du four a été refait avec du nouveau réfractaire récupéré à la démolition d’une usine qui fabriquait des tuiles. Mes cuissons durent entre trois et quatre jours. Elles dépendent de la quantité et du poids de terre, si le contenu de la fournée est utilitaire ou sculptural architecturé. Le combustible est du bois de chêne et du résineux, environ 7 stères. Il est fendu par moi même, c’est un choix plutôt que d’utiliser les chutes de scieries. Je prospecte pour utiliser des terres locales kaolinites. Cette restauration a largement amélioré le fonctionnement de mon outil de travail: gain de combustible et confort moral dans l’atteinte des températures, différences réduites entre la température avant et arrière de la chambre d’enfournement. Je dois aussi avouer que la publication du livre «Cuisson au bois, pratiques comptemporaines», m’a énormément aidé pour modifier mon four avec lequel j’avais réalisé quarante cuissons. Actuellement, j’ai la perspective d’une autre commande pour développer l’aspect architectural de ma production. Je reste toutefois dans la conscience d’un parcours qui m’est personnel et je cultive une réflexion sur l’expérience passée et la dynamique du présent.